jeudi 17 décembre 2015

Légitimités politique et professionnelle ne sont pas superposables !


Innover dans les collectivités ? Vite dit. La protection de l'emploi qu'offre le statut nous en empêche souvent. Et que dire de l'intrusion des politiques dans le management ?

J’ai été surpris par les termes de l’appel à l’innovation contre l’immobilisme, paru dans le précédent numéro de La Lettre du cadre. Je ne crois pas que nos collectivités soient un terrain fertile pour les innovations. Au contraire, il est particulièrement difficile d’innover au sein des collectivités, je m’y suis essayé plus d’une fois ! Je voudrais pourtant bien que ce soit vrai…
 

Le management est l’affaire des cadres

Pour sortir de l’immobilisme et innover, il me semble prioritaire de prononcer quelques paroles de liberté.
D’abord, il y a aujourd’hui une contradiction fondamentale entre la maîtrise des dépenses et laprotection de l’emploi qu’offre la FPT.
Ensuite, diriger des personnels est une affaire de professionnels du management qui nécessite de disposer de délégations claires pour affronter les tempêtes. Donc, pour innover, il est temps de dire au chef de l’exécutif qu’à partir de maintenant il ne s’occupe plus de management (il doit se retirer du CTP et de la CAP bien sûr). Qu’il cesse de nous empêcher. Que lui s’occupe de politique et pas nous, que le management, ce soit nous et jamais lui. Et que s’il n’est pas content du résultat à telle échéance, il nous vire, nous, toute l’équipe dirigeante.
 

Supprimer les emplois inopérants

Le management efficace aujourd’hui conduit à une organisation en réseau, sans hiérarchie, avec des spécialistes autonomes qui se coordonnent et franchissent les barrières institutionnelles (sans procédure d’autorisation dilatoire) pour trouver les meilleures solutions. L’équipe dirigeante soutient alors les innovations de processus efficaces, les mutualisations et les automatisations de tâches. Les managers suppriment les emplois inopérants… et les marges financières sont retrouvées !
Sans doute cela a-t-il des effets politiques, mais c’est l’élu qui s’en occupe, non ? Laissons donc de côté nos vieilles lunes. Les entreprises concurrentielles suppriment des emplois, les administrations performantes aussi, forcément. Un manager public est responsable de l’économie des moyens. L’administration des moyens, c’est nous, et nous sommes qualifiés par une formation et par une expérience professionnelles. Le choix des politiques publiques, c’est l’exécutif qualifié par l’élection.
 

Dire la vérité

Dire la vérité dans nos territoires, c’est déjà innover ! Les légitimités politiques et professionnelles sont de nature différente. Cessons de les superposer dans un schéma top/down. Cette vision de l’autorité verticale, de l’époque pré-numérique sans réseau, c’est du noir et blanc, de la politique à papa.
Le mandat électif ne qualifie aucune position hiérarchique par rapport aux cadres dirigeants, il est temps de le faire comprendre clairement. Et si les élus s’occupaient de politique au lieu de gestion des moyens, et s’ils s’occupaient davantage du lien entre les citoyens et leur institution publique ? Ils découvriraient l’empowerment et ça nous rapprocherait !

Nota : cet article a été publié dans La Lettre du cadre, décembre 2015


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