Innover dans les
collectivités ? Vite dit. La protection de l'emploi qu'offre le
statut nous en empêche souvent. Et que dire de l'intrusion des
politiques dans le management ?
J’ai
été surpris par les termes de l’appel à l’innovation contre
l’immobilisme,
paru dans le précédent numéro de La
Lettre du cadre.
Je ne crois pas que nos collectivités soient un terrain fertile pour
les innovations. Au contraire, il est particulièrement difficile
d’innover au sein des collectivités, je m’y suis essayé plus
d’une fois ! Je voudrais pourtant bien que ce soit vrai…
Le management est l’affaire des cadres
Pour
sortir de l’immobilisme et
innover, il me semble prioritaire de prononcer quelques paroles de
liberté.
D’abord,
il y a aujourd’hui une contradiction fondamentale entre la maîtrise
des dépenses et laprotection
de l’emploi qu’offre
la FPT.
Ensuite,
diriger des personnels est une affaire de professionnels du
management qui nécessite de disposer de délégations claires pour
affronter les tempêtes. Donc, pour innover, il est temps de dire au
chef de l’exécutif qu’à partir de maintenant il ne s’occupe
plus de management (il doit se retirer du CTP et de la CAP bien sûr).
Qu’il cesse de nous empêcher. Que lui s’occupe de politique et
pas nous, que le management, ce soit nous et jamais lui. Et que s’il
n’est pas content du résultat à telle échéance, il nous vire,
nous, toute l’équipe dirigeante.
Supprimer les emplois inopérants
Le
management efficace aujourd’hui conduit à une organisation en
réseau, sans hiérarchie, avec des spécialistes autonomes qui se
coordonnent et franchissent les barrières institutionnelles (sans
procédure d’autorisation dilatoire) pour trouver les meilleures
solutions. L’équipe dirigeante soutient alors les innovations de
processus efficaces, les mutualisations et les automatisations de
tâches. Les managers suppriment les emplois inopérants… et les
marges financières sont retrouvées !
Sans
doute cela a-t-il des effets politiques, mais c’est l’élu qui
s’en occupe, non ? Laissons donc de côté nos vieilles lunes.
Les entreprises concurrentielles suppriment des emplois, les
administrations performantes aussi, forcément. Un manager public est
responsable de l’économie des moyens. L’administration des
moyens, c’est nous, et nous sommes qualifiés par une formation et
par une expérience professionnelles. Le choix des politiques
publiques, c’est l’exécutif qualifié par l’élection.
Dire la vérité
Dire
la vérité dans nos territoires, c’est déjà innover !
Les légitimités
politiques et professionnelles sont
de nature différente. Cessons de les superposer dans un schéma
top/down. Cette vision de l’autorité verticale, de l’époque
pré-numérique sans réseau, c’est du noir et blanc, de la
politique à papa.
Le
mandat électif ne qualifie aucune position hiérarchique par rapport
aux cadres dirigeants, il est temps de le faire comprendre
clairement. Et si les élus s’occupaient de politique au lieu de
gestion des moyens, et s’ils s’occupaient davantage du lien entre
les citoyens et leur institution publique ? Ils découvriraient
l’empowerment et ça nous rapprocherait !
Nota : cet article a été publié dans La Lettre du cadre, décembre 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire